En arrivant à l'école maternelle, les enfants se retrouvent entourés au mieux d'une vingtaine d'autres enfants, au pire d'une trentaine d'autres, avec 1 ou 2 adultes référents. Autant dire que ça les change de la maison, la nounou, ou la crèche!
Chez nous, les filles sont toutes les 2 allées chez une nounou. Elles côtoyaient quotidiennement des enfants (nounou, parc, famille, enfants d'amis...) mais n'avaient pas réellement de "meilleur(e)" ami(e). Elles les voyaient tous séparément, ou 2 par 2, bref, ils étaient tous sur le même pied d'égalité.
En arrivant à l'école, donc, tout a changé! Il a fallu qu'elles s'adaptent à la collectivité. Sincèrement, nous n'avons pas eu à nous plaindre. Tout s'est bien passé pour les 2. Au bout de quelques jours, elles connaissaient déjà le nom de tous les élèves de la classe et très rapidement, les mêmes prénoms revenaient lorsqu'elles nous racontaient leurs journées. Et le moment est arrivé: "Maman, tu sais X. c'est ma meilleure copine!" Nous y sommes donc... La meilleure amie, celle qu'elle embrasse tous les matins dès son arrivée en classe, celle avec qui elle se range systématiquement, celle qu'elle attend pour aller jouer dans la cour, celle qu'elle réconforte lorsqu'elle se fait mal, celle qui lui manque pendant les vacances... Bref, c'est ELLE!
J'ai trouvé ces moments tout simplement touchant. Je trouve que c'est là qu'ils découvrent ce nouveau sentiment qu'est l'amitié. Pour la 1ère fois, on ne leur impose pas les enfants avec qui elles doivent jouer (on ne les a jamais obligé à jouer avec untel ou untel, mais lorsque des amis viennent à la maison, il n'y a pas 40 choix possibles ;-) ); pour la 1ère fois, elles ont dû trouver avec qui elles avaient le plus d'affinité.
Malheureusement, l'apprentissage de l'amitié passe aussi par les disputes, les déconvenues, les cœurs serrés... "Maman, X. a dit qu'elle était plus ma copine!" Aïe...
C'était parti pour de grandes discussions, qui revenaient régulièrement, sur l'amitié. Expliquer qu'être amies, et même meilleures amies ne voulait pas dire qu'elles étaient obligées de jouer tout le temps ensemble et d'être tout le temps d'accord, expliquer qu'il fallait parfois faire des concessions, que ça ne pouvait pas être systématiquement la même qui était la princesse, que même si dans les histoires il n'y avait qu'un petit chaperon rouge, pour le jeu il pouvait y en avoir 2, qu'il fallait savoir pardonner, etc...
Il a fallu aussi les aider à mettre des mots sur leurs sentiments, les aider à surmonter leurs peines et temporiser parfois leurs joies, les aider à ne pas être exclusives, etc...
Et l'apprentissage de l'amitié de mes filles est étroitement lié à une énorme frustration chez moi: Ne rien pouvoir faire de concret pour les aider... Et oui Dur dur de les voir revenir tristes, à cause d'une dispute et de ne pas pouvoir dire: Ne t'inquiète pas, je vais tout arranger! Alors j'ai écouté et entendu leurs émotions, j'ai réconforté, j'ai compris, j'ai compatis, j'ai essayé de proposer des pistes pour régler les problèmes, mais c'est tout... Alors oui, c'est déjà beaucoup, mais qu'est ce que j'avais envie de faire plus!
Enfin voilà... l'amitié, un apprentissage compliqué mais tellement important (autant pour les enfants que pour nous )
Et vous, comment avez vous géré cet apprentissage?
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